samedi 14 janvier 2012

Essai de la Suzuki 750 GSR

Ca faisait un petit moment que ça me trottait dans la tête de faire l'essai d'un "petit" roadster de 750 cc. Mais comme on voit des Z à tous les coins de rues, j'ai choisi plutôt une moto plus récente et différente, à savoir la Suzuki 750 GSR...

Depuis sa sortie en 2011, cette moto a connu de nombreux essais presse, avec souvent un retour plutôt positif. De fait, le succès commercial de cette nouvelle "sept et demi" de Suzuki ne s'est pas fait attendre et même si les chiffres de vente n'atteignent pas encore ceux de la Kawasaki Z 750, sa rivale directe, c'est déjà très bien pour une première année (même pas complète puisque le modèle est sorti au printemps). Gageons que l'arrivée de la version ABS très prochainement va encore booster les ventes de cette moto...

Pour ma part, c'est donc une version standard sans ABS que j'ai pu essayer aujourd'hui pendant une heure environ. Descendant de mon tracteur 1800, ça fait toujours très bizarre de se mettre en selle sur une moto de ce gabarit. Pour ainsi dire, j'ai presque l'impression d'être assis sur la roue avant ! Pneus froids, route froide et parfois humide, moto d'essai : les conditions sont remplies pour ne pas se faire une grosse arsouille, mais un bon petit essai à "ma" façon... On va donc y aller cool, retrouver la position de conduite typique du roadster et ça va bien se passer.
Ma machine d'essai du rouge, dans une robe rouge et noire qui lui sied bien à mon sens...

Première sensation : c'est super facile ! Un vrai vélo, j'ai l'impression de remonter sur la XX6 de la moto-école... Les commandes tombent naturellement sous les mains et pieds. J'ai juste un peu oublié que les pieds sont haut perchés sur les cale-pied, repliant donc fortement les jambes. Au bout de quelques minutes, c'est oublié et je me sens sur cette GSR comme si je l'avais depuis des années. Par rapport au "petit" roadster de la marque, à savoir le Gladius, la position est un poil plus sur l'avant, le guidon un peu plus bas et donc on est plus sur les poignets pour une position légèrement plus "sportive". Finalement, cela ne me gêne pas non plus, mais il faudrait voir sur une journée complète de roulage...
Une bonne bouille cette moto...
D'emblée, je note ce qui sera, pour moi, le plus gros défaut de cette GSR : les rétroviseurs ! Impossible pour moi de trouver un bon réglage (surtout pour celui de droite...) sans avoir mes coudes dans les miroirs... Je n'aime pas ça ! Mais bon, pour l'instant, c'est devant que ça se passe le temps de chauffer machine et pilote (enfin, pilote c'est vite dit, hein...). Le temps de sortir de la ville, où la GSR se faufile aisément en se conduisant du bout des doigts et sans cogner à bas régime, me voici dans les grandes courbes de la montée d'Uriage. Entre humidité au sol et ambiance frigorifique, je ne m'aventure pas à angler comme un furieux, mais je sens déjà le pouvoir de "traction" du quatre pattes de cette Suzuki. Ca monte vite et bien dans les tours, en tirant bien et de façon assez linéaire. Il faut vraiment prendre garde à jeter un oeil sur le compteur parce qu'on a très vite fait de se retrouver à des vitesses propres à vous faire perdre votre permis en une seule fois.
Le comportement de cette machine est aussi sain que rassurant. Facile même, presque trop facile... Hormis la puissance du moteur et les vitesses auxquelles cela peut vous emmener, il n'y a pas l'once d'un piège dans sa conduite. Cela pourrait presque être une moto de débutant... Mais ne nous y trompons pas : les watts sont là, et bien là. La moindre rotation de poignée droite vous le rappelle avec une montée en régime qui, sans être rageuse ou violente, fait dans le rapide et l'efficace. Malgré tout, ce qui est agréable avec la GSR, c'est la possibilité de rouler entre 4 et 6.000 tours sans que le moteur ne renâcle, ni s'emmerder au guidon. Plus bas, on notera juste quelques à-coups d'(injection entre 2.500 et 3.000 tr/min en usage urbain.
Après les grandes courbes, quelques virages plus serrés me permettent de constater que la légèreté de cette moto lui confère une agilité à la hauteur de sa tenue de route, c'est-à-dire de très bon niveau. Bien sûr, cela est jugé à l'aune de mon niveau de conduite... qui est loin de permettre l'utilisation d'une telle machine à 100% !
Une jolie fourche, de bons freins... et un liseré de jante bienvenue pour agrémenter cette moto !
Après les virolos, un peu de ligne droite, histoire de tirer un peu dedans et jauger la protection du petit saute-vent... et des freins quand on arrive au bout ! Sur ce dernier point, pas de souci non plus : la GSR freine bien et fort, avec un mordant suffisant sans être piégeux. Quand je vous le disais qu'elle est facile cette moto... Pour la partie protection à l'air, le saute-vent fait son travail jusqu'à 130-140 km/h pour une pilote de moins de 1,75 m. Au delà, ça commence à cogner dans le casque (mais pas encore trop dans le buste).
Venons-en aux détails qui font plaisir, en particulier le tableau de bord, très complet. J'y ai retrouvé avec plaisir non seulement une vraie jauge à essence et pas seulement un vulgaire témoin de réserve, mais aussi un agréable indicateur de rapport engagé (je l'ai sur mon VZR et trouve ça assez utile, même si pas indispensable), un indicateur de température moteur, une horloge... Bref, c'est très complet et bien lisible. A ma connaissance, aucune machine concurrente (Kawa Z 750, Yam FZ8, Triumph Street...) n'en offre autant. Dommage en revanche pour de petits détails de finition comme certains câblages apparents qui font un peu cheap...
Un tableau de bord clair et surtout très complet. Bravo !
Quelques fils apparents qui ne font pas très classe... Dommage.
Quel bilan tirer de cette moto ? Pour moi, c'est une (très) bonne machine, vraiment impressionnante de facilité à la prise en main, mais qui montre aussi de sérieuses aptitudes à pouvoir hausser le rythme à la demande avec une sérénité certaine. Proposée à un tarif concurrentiel, je comprends qu'elle séduise. De plus, même si son look est "inspiré de", je la préfère à la Z de Kawa... mais les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas. J'ai été bluffé par la capacité de ce châssis à encaisser la puissance sans broncher, même si j'ai sans aucun doute été très loin de pousser la moto dans ses retranchements. Sérénité facilité sont donc les deux mots qui qualifie pour moi cette machine. Dernier point, le confort. Hormis les jambes vraiment repliées (mais c'est une position typique du roadster, pas de cette machine spécifiquement), c'est plutôt pas mal, avec une selle qui ne m'a pas piqué le moins du monde le séant en heure... ce qui n'est pas le cas de toutes les motos, loin de là. La position globale est naturelle et agréable pour mon gabarit.
La selle passager, un peu plus que symbolique, mais bon...
Une gamelle d'échappement bien dans le style actuel, mais plutôt dans les pas trop moches !
Alors, j'achète ou pas ? Raisonnablement, à 7.800 euros (8.300 en version ABS), cette GSR me paraît plutôt bien placée. Pour un peu, elle pourrait même me tenter avec son bon équipement. Mais définitivement, cet essai m'a confirmé que ce genre de machine n'est pas pour moi : ça va vite et trop facilement ! Je préfère une moto qui me limite dans mes ardeurs. Malgré tout, si je devais choisir un roadster de ce style, ça se jouerait sans doute entre ce GSR et la superbe Triumph Street R... avec l'avantage pour la Suzuki d'un tarif plus serré et d'une ABS optionnel non négligeable !
Bref, cette 750 GSR est une bonne surprise, une moto qui mérite franchement un essai pour qui cherche une moto de ce type.

Merci à Bernard de Moto Labo GP pour cet essai à l'improviste !

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