samedi 27 avril 2013

Essai de la Yamaha XTZ 1200 Super Ténéré

Cela faisait longtemps que ça me titillait de faire l'essai d'un de ces maxi trails de grosse cylindrée, mais les occasions rares et mon appréhension à enfourcher ces machines hautes de selle du haut de mon mètre 72 m'en avaient jusque là "préservé". Mais finalement, j'ai osé franchir le cap et donc me livrer à un essai de cette fameuse Yamaha 1200 Super Ténéré.



De prime abord, il faut admettre que la machine en impose. Elle est volumineuse, en particulier de l'avant et parait haute. Heureusement pour moi, la moto d'essai (qui est une version optionnée Worlcrosser) est équipée de la selle basse (-25 mm) placée en position basse. Je monte dessus sans avoir l'impression d'enjamber une girafe, relève la bête et me retrouve à toucher les pointes de pied des deux côtés ! Ouf... J'enclenche la première et gaz... Parti juste pour voir quelques minutes, je suis rentré plus d'une heure après, après un essai vraiment complet en termes de terrains parcourus : ville, route à larges courbes, petite route de cambrousse bien défoncée et viroleuse, descente farcie de gravillons tout frais et petit bout d'autoroute. La totale.

Partie cycle - comportement routier
Clairement, cette moto est hyper saine. C'est un rail en courbe, même à vitesse soutenue. J'ai refait le trajet que j'avais effectué avec le 750 GSR et la 1200 VFR et je passais largement aussi vite et aussi sereinement avec ce gros tank ! Le tout avec une facilité déconcertante. Cette facilité se retrouve aussi dans les enchainements de petits virages, même sur route bien bosselée. L'amortissement très bon participe aussi à ce comportement sain et très rassurant.
La garde au sol est monumentale, la mise sur l'angle instinctive et facile, je me suis surpris à presque attaquer au bout de pas longtemps à son guidon.
Quant au freinage, aucune critique à faire : c'est mordant, efficace, endurant et on peut y aller franchement (freinage couplé à la poignée + ABS). Rassurant.

Le pot Akrapovic monté de série sur cette Worldcrosser donne une jolie sonorité !
 Moteur - transmission
C'est la partie la plus surprenante de cette moto. Le gros bicylindre est volontaire, puissant, souple et coupleux. Bien qu'il grogne un peu à bas régime, il accepte de reprendre à moins de 1500 tr sans vraiment cogner. En revanche, il est linéaire au possible, une caractéristique propre à toutes les Yamaha que j'ai essayées. Mais le plus surprenant, c'est qu'il se comporte un peu comme les 4 cylindres de la marque que je connais (XJ6, Fazer 600, FZ8, FZ1, FJR). En clair, il est efficace en diable, mais pas démonstratif pour un rond malgré une sonorité marquée (renforcée par la ligne Akrapovic équipant ma moto d'essai). Je pense qu'on est là aux antipodes du caractère moteur habituel d'un gros bicylindre et de ce que l'on doit par exemple trouver sur une Ducati. Ce n'est pas gênant en soi, seulement peut-être un peu frustrant à la longue.
Rien à redire sur sa puissance en revanche, il propulse le XTZ à des vitesses inavouables en une rotation de poignée ! Gaffe au permis lors des dépassements, on est très vite à la case prison... Je n'ai évolué que sur le mode Sport de la cartographie réglable en deux positions, sur le conseil du vendeur Yam'...
L'ensemble embrayage-boite de vitesses-transmission finale est plutôt réussi aussi. L'embrayage est ferme mais gérable, les rapports rentrent sans gros claquements et se verrouillent bien en montée comme en descente et la transmission par cardan ne génère pas du tout d'acoups. De ce côté c'est un bel agrément homogène qui se dessine.

La molette de réglage de l'amortisseur est très aisément accessible...
Agrément - équipement
Cette version Worldcrosser est richement accessoirisée de pièces carbone, sabot moteur alu, pare-cardan, tampons latéraux, pare-mains, ligne Akrapovic... Je la trouve plutôt "élégante" dans cette livrée noire et jaune, mais des coloris plus flashy que noir et blanc seraient sympa.
La position de pilotage est très confortable : buste droit, jambes pas trop repliées et pieds juste un peu reculés, bras bien placés et mains bien posées sur un guidon au ceintre ajustée pile poil. Les rétroviseurs assurent bien leur mission. Malgré la selle en version rabotée de quelques centimètres de mousse, le confort d'assise est royal, pas la moindre douleur au bout d'une heure.
Petite déception concernant le tableau de bord, un peu vieillot dans son design et son ergonomie : il manque un indicateur de rapport engagé (quelle mesquinerie...) et le changement de mode du contrôle de traction ne peut se faire qu'à l'arrêt car via un bouton poussoir sur le côté du bloc compteur ! Faudrait voit à moderniser ça avec un pilotage depuis un comodo au guidon, hein ! Quant à la béquille latérale, on a déjà vu nettement plus simple à attraper, surtout avec une botte de moto !
La protection des jambes est plutôt bonne, mais avec la bulle d'origine (en position basse), le haut du buste et le casque reçoivent de l'air dès 100 km/h. L'adoption d'une bulle plus haute et large me parait judicieux pour des parcours autoroutiers et/où à vitesse soutenue.


Bilan
Très bonne surprise pour moi que cette machine. Au bout de 30 minutes d'essai, j'avais l'impression d'avoir passé ma vie dessus tant c'est facile d'appréhender cette moto ! Au bout d'une heure de roulage, j'ai compris pourquoi l'on voit rouler tant de motos de ce type : c'est probablement la synthèse parfaite de la moto à la fois loisir, utilitaire et avec en plus un peu d'aptitude à sortir du bitume au cas où... Et surtout c'est facile et très efficace sur route, tout en offrant un confort certes un peu inférieur à des pures GT mais déjà très supérieur à la grande majorité de la production motocycliste. C'est sans doute ce savant mélange qui fait le succès des maxi trails actuels.
Du côté des points négatifs, je retiens un moteur efficace mais un poil trop linéaire et inexpressif, quelques lacunes d'équipements... et le fait qu'en dessous d'une certaine taille du pilote, cette moto est ingérable. Déjà pour moi, c'est très limite et il faudrait être vraiment prudent et anticiper le moindre arrêt en dévers.

Pare-mains de série, c'est agréable...
Un cardan en transmission finale, tout comme j'aime !
Belle jantes à rayons (pneus tubeless), ABS... La Super T soigne son équipement !
Une version d'expo en concession avec toute la bagagerie...

 Merci à Grenoble Moto pour le prêt de cette moto d'essai !


11 commentaires:

  1. Salut Jean Marc

    Tres bonne analyse de cette moto que je possede depuis 1 an.Ca nous change de l'avis de la presse qui est plutot negative.

    Un vrai plaisir pour moi mais c'est vrai que c'est un peu lourd a l'arret et que je l'ai deja couché dans un devers . Dommage mais c'est bien protegé.A part ca pas de soucis

    A bientot sur la route et peut etre en Super tenere

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  2. Merci pour ce commentaire positif ! Bonne route en Super T, cette moto t'emmènera sans doute très loin...

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  3. Bonjour JM,
    Très content de lire enfin un essai effectué par un motard à priori normal! Marre de voir systématiquement les motos en roue arrière et les commentaires du genre "manque 50cv ou le coup de pied au c.." comme si nous passions tous nos journées sur circuit. Merci pour cet avis objectif. Je prends livraison de la mienne ce soir !!
    Bonne route à tous !

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  4. Ai échangé ma Fazer 600 contre cette XTZ, quel régal les 1500 km en Corse (+ de 10.000 virages), plus 2000 km à traverser la France (départemental + autoroute), aucune fatigue en dehors du mistral en plein nez.

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  5. bonjour a tous .je pense passer sur ce jolie monstre en 2014 .j ai croisé 2 ou trois propriétaire de ce modèle qui parle de probleme de rayon sur la roue arrière qui casse???? êtes vous au courants de ce probleme et est il récurent.merci a tous et bonne route

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  6. J'i effectivement entendu parler de cette "fragilité" des rayons de roues sur la Super T. D'ailleurs, il fait partie des préconisations d'entretien de faire un check des rayons durant les révisions !

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  7. Bonjour, j'en ai une depuis 3 ans (first édition) , 2 utilisations: grand trip en duo avec madame en europe une fois l'an et le reste de l'année beaucoup de départementales en solo...que du bonheur.
    La douceur le confort et la force nécessaire au duo montagneux (jamais eu autant de confiance dans les chemins forestiers suisses dans le brouillard et sous la pluie avec armes, bagages et madame..), et mode pétage de plomb avec pour ceux qui lui reproche le manque de caractère, une petite astuce bien connue pour le prix d'un trombone et interrupteur au guidon..et là on bénie la qualité de la partie cycle et on essaie de se souvenir qu'on est père de famille...
    Je fais 1,9 m 100 kg, mon épouse 60 kg; plus les bagages, et pas un rayon cassé, car comme stipulé sur le carnet: resserrage à 5000 puis 10000km ...ensuite rien. Cela n'empêche pas de les faire tinter de temps en temps, mais aujourd'hui plus personne nesais ce que c'est..ou presque...

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    1. C'est quoi l'astuce pour le prix d'un trombone ? merci pour l'info

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  8. 1m90 !!!, tu as changé la bulle pour une plus haute, si oui laquelle ?

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  9. Bonjour, je vis en Californie et j'ai acquis une Super Ténéré en addition/remplacement de ma '09 BMW R1200GSA Adventure que j'ai pilotée pendant 53,000 km. Donc, j'ai une expérience comparative légitime. La GSA est meilleure au niveau de la fourche avant avec le Telelever. Pas un océan mais c'est plus net dans les petits virolos. Pour le reste, pour TOUT le reste, je considère la Yamaha équivalente voire meilleure que la BMW. En particulier au niveau moteur. La Yam version US que je possède a une centrale électronique (ECU) différente de la version française, et ça pousse vraiment fort. Beaucoup plus fort que la BMW. En plus, moyennant finance on peut la faire reflasher et retirer les restrictions que Yamaha y a mis pour rester dans les normes. Je sais qu'il y a au moins un spécialiste en Allemagne et un en Italie. Pour l'astuce du trombone, elle est abondamment documentée dans les forums US. Ça consiste à débrancher le cable électrique au niveau du levier d'embrayage et a y mettre un trombone pour le court-circuiter. Ça trompe la centrale et fait sauter les limitations en 1-3 vitesses. Pas essayée moi-même, mais il parait que ça vaut le coup d'essayer surtout sur les versions très bridées (F-B). Dernier détail qui a son importance, la Yamaha a l'air d'être d'une robustesse exemplaire et sa conception la rend beaucoup plus facile à réparer. Ma BMW a eut un problème de roulement de boite. Cout de la réparation près de 3,000USD (soit 3000 eur avec la TVA). Juste parceque la conception BMW implique que pour accéder à l'embrayage il faut séparer la moto en 2, soit plus de 10 heures de MO, et les pièces sont hors de prix mais pas franchement plus fiables que les japonaises. Bonne route à tous.

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    1. Merci pour ces analyse,moi même propriétaire d'une super-T 2012,aucun problème jusqu'a maintenant.....Le seul HIC ,manque un peut de rugissement,se rêgle facilement

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