dimanche 2 juin 2013

Les chroniques de l'ami québecois

Jean-Pierre Banville nous livre ce nouveau billet, consacré au rejet par le CIO de la candidature de de l'escalade à être intégrée aux futurs JO. Savoureux... 

 

LAPSUS CALAMI 

Peu de bonnes nouvelles en ce printemps pluvieux… la récession, le chômage, les affres du mariage, la pénurie d’infirmières, la pénurie de logements, la pénurie de miel, la pénurie de stations-service, la pénurie de lait pour bébé… Je compatis à tous ces malheurs mais je me console rapidement en songeant que l’escalade est rejetée comme discipline olympique. Depuis le temps qu’on en parlait de cette décision qui ouvrirait les portes du cénacle olympique à de nouvelles activités; depuis le temps qu’on nous rabâchait les oreilles quant à la certitude de voir l’escalade déclarée olympique parce que, tout simplement, on le doit au monde de la montagne. Depuis le temps qu’on sucre la pilule pour faire avaler aux grimpeurs que l’avenir passe nécessairement par les Anneaux… Et bien le verdict des instances olympiques est tombé : REJETÉ ! Oui, oui : la candidature de l’escalade n’a pas été retenue. Il n’y a pas que les falaises qui vont être mouillées ce week end, je connais certains centres d’entrainement sur résine dont les murs ne seront pas secs.

Être méchant et revanchard et je vous dirais que je vous l’avais annoncé, et il y a longtemps de cela. D’accord, d’accord… oui, je vous l’avais répété sur toutes les tribunes et ça me fait un petit velours de maintenant savoir que mon analyse était bonne. Mais si un pauvre type comme moi pouvait analyser les paramètres de l’équation et en déduire que nous n’avions aucune chance, pourquoi la Fédération a-t-elle marché main dans la main avec l’IFSC ? Pourquoi a-t-elle dépensé temps et argent dans cette galère ? Pourquoi a-t-elle misé sur les performances sur résine, l’apanage d’un tout petit nombre, plutôt que de satisfaire sinon de dépasser les attentes de ses membres de base qui, eux, fréquentent les blocs, falaises et sommets de l’Hexagone ? Nous avons même eu droit à une élection fédérale qui opposait résine et falaises avec le résultat que l’on sait.

Je vous laisse sur le message de la fin. Le message de monsieur Scolaris, président de l’IFSC : "Nous allons poursuivre nos efforts pour partager nos valeurs et notre mode de vie avec les jeunes générations et développer de nouvelles opportunités marketing sur le marché de l'outdoor, qui est énorme et en constante augmentation."

Dites-moi, pourquoi une Fédération voudrait-elle développer de nouvelles opportunités marketing sur le marché de l’outdoor ? Pourquoi une Fédération voudrait supporter quelqu’un qui le veuille ? Est-ce le but avoué des J.O. que de développer des opportunités marketing ? Est-ce que le développement d’opportunités marketing aide d’une quelconque façon à la pérennisation de l’escalade et de la montagne en France ? Est-ce le mandat d’une Fédération ?
Peut-être monsieur Scolaris s’est-il, dans un moment de dépression, totalement oublié et, dans un message qu’il considère comme un ‘’Merci et à la prochaine!’’, a-t-il révélé le fin fond de l’affaire olympique dans le plus beau ‘’Lapsus Calami’’ des dernières années. Freud en serait fier. Si c’est le cas, il a du potentiel ce monsieur Scolaris et mérite de monter en galon : qu’il se lance de ce pas en politique ! Il y a du Bunga-Bunga à y prendre. Pour les autres, il est plus que temps de retourner à l’essentiel : le rocher, sa préservation et sa libre fréquentation. Je vous souhaite qu’il arrête de pleuvoir. Je me le souhaite aussi. J’ai une voie qui n’attend que ma perceuse si, un jour, elle parvient à sécher.





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